
Le 2 mars 2017 doit être marqué d’une pierre blanche. Ce jour-là, un accord d’hébergement a été scellé entre Arts & Métiers Acceleration (Ama), une création d’Arts & Métiers Alumni, et Station F. Située à quelques centaines de mètres de l’Ensam parisien et d’Usine IO, l’ex-halle Freyssinet a été transformée par Xavier Niel (Free, «le Monde», etc.) en incubateur de jeunes pousses, le plus gros du monde . Jusqu’à un millier de start-up peuvent y loger. En être donne assurément une visibilité internationale. Des entreprises comme Facebook ou Vente-privee.com ne s’y sont pas trompées en négociant une présence sous cet ancien hangar ferroviaire. Le géant français du déstockage en ligne compte y installer un accélérateur. Jacques-Antoine Granjon, son PDG et fondateur, précise qu’il a «à cœur de soutenir […] les jeunes entrepreneurs […] avec Vente-privée.com comme plateforme expérimentale» (1).
Experts et mentors au service des start-uppers
À la question «quelle est la définition d’un accélérateur ?», Claude Duplaa (Bo. 82), porteur et promoteur d’Ama répond ceci : «À chacun sa définition. Notre accélérateur, lui, se concentrera sur l’univers du “hardware” industriel, sans exclure les technologies de l’information et des communications dédiées à l’industrie, du type big data ou Internet des objets. Nos partenaires, qu’ils soient mécènes, experts ou mentors, apporteront un soutien multiforme au plan financier, technique ou managérial par exemple aux jeunes pousses que nous aurons sélectionnées.» Cette démarche volontariste a l’ambition d’aider la nouvelle génération d’entrepreneurs, des filières industrielles en particulier, à faire croître leur entreprise au-delà des écueils qui les menacent. En effet, France Angels, l’association des «business angels», a révélé que seules 8 % de start-up parviennent à quintupler leur capitalisation cinq ans après leur création, 70 % stagnent et 22 % s’éteignent.
Ama, c’est d’abord un lieu. La structure disposera de 72 postes de travail et d’un atelier, type fablab, doté d’équipements légers : logiciel de conception, petite imprimante 3D, dispositifs électroniques Arduino… Dans l’hypothèse où les résidents d’Ama auraient besoin d’équipements plus sophistiqués, ils pourront accéder à l’atelier de prototypage de pointe d’Usine IO, entreprise voisine avec laquelle un partenariat est d’ores et déjà officiel.
Arts & Métiers Acceleration hébergera et accompagnera une vingtaine de start-up en permanence. Celles-ci seront sélectionnées à divers degrés de maturité de leur projet : l’idéation, le prototypage ou l’industrialisation. À chacun de ces états correspond un module d’accompagnement, d’une durée de trois à six mois, pouvant être prolongée de trois mois.
Afin d’encourager la communauté des 34 000 gadzarts à s’intéresser aux start-uppers pris en main par Ama, un réseau social ad hoc, centré à son lancement sur la vie de l’accélérateur, sera créé. Son objectif ? Recruter les gadzarts, comme mentors ou experts, afin de capitaliser sur leurs compétences et leur expérience. Dans un second temps, il s’agira de créer, au sein de cette communauté, l’échange d’expertises et de savoir-faire apte à déclencher des opportunités de développement d’affaires.
Le mentor devra suivre une start-up tout au long de son passage au sein d’Ama : une charte précise son implication et sa contribution. En échange, il percevra 1 % du capital de la start-up accompagnée. L’expert interviendra, de son côté, sur des problématiques ponctuelles contre rémunération.
Enfin, l’«écosystème» animé par Ama s’enrichira d’une troisième catégorie d’acteurs, les partenaires mécènes, industriels et financiers, dont certains sont déjà associés à Arts & Métiers Acceleration. Afin d’œuvrer dans le même état d’esprit, tous les acteurs, offreurs ou demandeurs de services, devront se conformer à la charte éthique définie par Ama.
Et la question du financement
Le budget du premier exercice devrait s’élever à 1,5 million d’euros si 20 start-up étaient accompagnées. Rappelons que celles-ci n’auront rien à payer, sinon à céder 4 % de leur capital à Ama.
Toute start-up sélectionnée devra souscrire, à son arrivée, un prêt d’honneur de 10 000 euros qui devra par la suite être complété de deux autres du même montant. Chaque prêt sera abondé d’une subvention de 5 000 euros, fournie par les partenaires mécènes. Le budget dont disposera la start-up sera donc de 45 000 euros libéré par tiers pour chacun des trois modules de l’accompagnement. Et Claude Duplaa de conclure : «Ama n’a pas vocation à se transformer en structure capitalistique. Par conséquent, si, comme nous l’espérons, une plus-value ou des dividendes devaient être tirés de la vente du capital d’une start-up soutenue par nous, l’argent sera automatiquement réinvesti dans l’accélérateur ou distribué aux œuvres et activités de la Société.»
Plus d’infos sur www.am-acceleration.fr
L’équipe d’Ama![]() 1 – Ingrid Godefroy, managing director d’Arts & Métiers Acceleration (Ama). 2 – Claude Duplaa (Bo. 82), porteur et promoteur de la société A&M Acceleration. 3 – Gaël Buvat (Bo. 206), community et office manager d’A&M Acceleration. |
(1) Dossier de presse de Station F.
Retrouvez notre dossier complet “Entreprises” :
– Comment accélérer la croissance des jeunes pousses ?
– “Le financement de l’innovation est malade”, José Massol
– La French Tech s’internationalise
– Des Français à Hongkong
– A&M Acceleration dans les starting-blocks
– L’amorçage et après
– S’unir pour innover