
Et si l’évolution des salaires de demain n’était plus fondée sur des décisions humaines, mais sur le «big data» et l’intelligence artificielle ? Je vois déjà vos commentaires! Et pourtant… Selon l’article publié dans la rubrique tendance du site de l’Apec (Association pour l’emploi des cadres), le scénario est tout à fait réaliste. Du recrutement prédictif à la rémunération prédictive, le pas à franchir est aussi mince qu’une feuille de papier à cigarette ou de salaire. «Aujourd’hui, nous annonce l’Apec, de plus en plus d’entreprises se présentent sur ce marché, des mastodontes des ressources humaines comme Cornerstone (1) aux entre-prises spécialisées dans les tests psychométriques comme CEB (2) ou le québécois D-Teck. Un algorithme croise, recoupe et analyse en un clin d’œil une multitude de données concernant à la fois le collaborateur (compétences, expérience, expertise, fonction, salaire actuel, âge, études, etc.), l’entreprise (chiffre d’affaires, masse salariale, secteur, taille, etc.) et enfin le marché (combien “vaut” un profil sur le marché). À partir de ces données et d’un modèle “idéal” -défini en amont, l’outil est capable de formaliser à quel salaire peut prétendre tel collaborateur et à quel moment de sa trajectoire dans l’entreprise». La rémunération prédictive se veut, selon ses défenseurs, «une méthode à la fois rationnelle, objective et précise pour aider les RH à fixer le salaire le plus juste». La société est-elle prête à cela ? En effet, pour s’imposer dans le domaine salarial, cette approche devra être encadrée par de nombreux garde-fou, des professionnels à la fois vigilants, responsables, capables d’une bonne interprétation des données récoltées. Bienvenue dans l’ère de la data !
(1) L’éditeur américain de solutions de gestion RH en mode SaaS (Software as a Service) est présent en France depuis onze ans.
(2) CEB-SHL, spécialiste des outils analytiques RH, a été racheté l’an dernier par Gartner, société de conseil en technologies.