

L’industrie aéronautique se porte bien. Et avec elle, des PMI innovantes et exportatrices qui prennent des risques. C’est le cas de JPB Système, dirigée depuis 2009 par Damien Marc. L’entreprise, créée en 1995, est spécialisée dans la sécurisation des ensembles vissés grâce à des solutions brevetées auto-freinantes (vis, écrous, boulons, raccords de canalisation), capables de résister aux fortes contraintes thermiques et vibratoires d’un moteur d’avion, sans ralentir les phases de maintenance.
Face à la croissance de ses commandes, Damien Marc comprend vite que le schéma sur lequel s’appuie son entreprise n’est plus adapté : «Gagner des commandes devenait difficile avec un bureau d’études, une fabrication française sous-traitée puis un assemblage sur notre site, en plus d’une parité euro/dollar peu favorable à l’exportation.» La sous-traitance en Pologne améliore un temps la compétitivité, mais les cadences augmentent et les fournisseurs peinent à suivre. De sorte qu’en 2014, l’entreprise décide d’intégrer une partie de la fabrication. Plusieurs pistes sont étudiées – investir en Pologne, racheter une usine en France –, aucune n’est satisfaisante. Damien Marc tente alors le pari de la création d’une usine en France.
French Fab : jouer plus collectifPépite de la French Fab, JPB symbolise une partie du renouveau de l’industrie française. «Il faut jouer collectif : les PMI ont besoin de la sécurité et de la vision apportées par les grands groupes, qui, eux, ont besoin de notre réactivité et de nos innovations», plaide Damien Marc. À charge pour le groupe de ne pas capter l’innovation des PME ni de tuer dans l’œuf l’initiative et aux PME d’investir sans attendre les demandes des grands donneurs d’ordres. Ce qu’a fait JPB en profitant d’une conjoncture favorable avec le dispositif de suramortissement, un prêt de BPI France avec remboursement différé de deux ans, |
Révolution numérique et robotisation

«Nous avons sélectionné les briques technologiques, développé nos propres protocoles de communication et confié les tâches répétitives à des robots, les opérateurs étant responsables de la décision et des réglages sur plusieurs machines», explique le PDG. JPB investit 4 millions d’euros dans sa nouvelle usine 4.0 à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne), opérationnelle depuis le premier trimestre 2017.
«Je voulais une ligne automatisée capable de traiter des petites séries de 100 pièces comme des séries de 5 000», résume Damien Marc. Grâce aux évolutions de la vision et de la robotique, les 6 machines en ligne sont capables de traiter 6 pièces différentes et de changer de série de manière asynchrone. Quantité de données sont désormais analysées permettant ainsi de corriger l’action des outils de coupe en temps réel, alimenter un «big data», opérer une maintenance prédictive, afficher le pilotage de l’atelier sur une tablette ou un smartphone, attribuer à chaque pièce un numéro de série.
Cette stratégie s’accompagne d’une montée en compétence des opérateurs. «Les jeunes sont à l’aise avec les outils numériques, mais manquent parfois de réactivité face à un problème technique, au contraire des opérateurs plus expérimentés, les deux sont donc complémentaires.» Cette nouvelle usine doit permettre à JPB de monter en puissance pour répondre aux exigences de croissance de l’aéronautique. Et la PME a de quoi voir venir, dans la mesure où elle travaille aussi sur la motorisation du programme A320 Neo, qui vient d’enregistrer la plus grosse commande de l’histoire de l’aviation civile au salon de Dubaï. De bon augure pour l’avenir.
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