La course à la trottinette

Vous connaissez les trottinettes partagées. Elles fleurissent et envahissent les trottoirs des capitales européennes et du reste du monde. D’un seul coup de smartphone, vous pouvez chevaucher les rues au mépris du Code de la route, du bon sens que tout conducteur devrait avoir, sans parler du respect d’autrui. Le développement rapide de ce nouveau service pose des problèmes d’occupation de l’espace urbain, qu’il s’agisse de stationnement sauvage, de zones de circulation mixtes ou de conduites individuelles dangereuses. Opérateurs et pouvoirs publics doivent apprendre à coopérer pour garantir un développement intelligent.

Si elles sont dangereuses, les trottinettes constituent-elles toutefois une solution durable aux problématiques de mobilité urbaine ? La ruée vers l’or dont elles font l’objet serait alors justifiée tant sur le plan financier qu’industriel.

Alors que dix opérateurs de la capitale ont récemment signé une charte de bonne conduite à la Mairie de Paris, le Boston Consulting Group a publié une étude inédite intitulée «The Promise and Pitfalls of E-scooter Sharing» sur le potentiel de ce marché en pleine expansion. S’il est prometteur — il est estimé à 35 voire 45 milliards d’euros d’ici à 2025, dont environ 12 milliards en Europe —, le développement de ce segment semble semé d’embûches. Premier argument avancé : si 75  des trajets parcourus sont inférieurs à 10 km et 35  inférieurs à 2 km, les trottinettes répondent bien à la problématique du premier et du dernier kilomètre, mais elles sont peu adaptées à certaines topologies urbaines ou aux intempéries. Autre incertitude et non des moindres : la rentabilité. Le groupe de Boston estime la durée de vie d’une trottinette à trois mois alors que son seuil de rentabilité est de 3,8 mois. Cherchez l’erreur.

En attendant, ce nouveau mode de transport, qui se substitue à la bonne vieille marche, pourtant bénéfique à notre santé, empoisonne le quotidien des piétons !