Le 3ème pilier de la Soce

Le 21 décembre, les groupes professionnels (GP) ont élu leur nouveau président : Jean Fournier (An. 77). C’est le 12e à prendre la tête de cette structure, qui forme, avec les promotions et les groupes territoriaux, le 3e pilier de la Société des ingénieurs Arts et Métiers. Rappel des fondamentaux.

Jamais l’obligation faite aux ingénieurs de se former tout au long de leur vie n’a été aussi forte. C’est la première vocation des groupes professionnels (GP) : enrichir les connaissances de leurs membres par des conférences, des visites et des événements organisés en fonction des problématiques des mondes économique et industriel. De grands sujets de société sont traités, telle l’industrie du futur.
La vitesse de renouvellement des technologies et l’accroissement du nombre de diplômés de l’enseignement supérieur(1) rendent en effet impérative l’interaction entre les entreprises et les grandes écoles. Il en va de la compétitivité de notre pays. Les GP représentent également les Arts et Métiers dans le monde professionnel, notamment à travers les réseaux d’alumni («élèves» en latin — ce terme, usuel aux États-Unis, désigne les anciens élèves de grandes écoles ou d’universités) auxquels ils participent activement.

Une quarantaine de GP sectoriels ou thématiques

Une quarantaine de GP traite des évolutions de filières telles que l’énergie, l’automobile, l’aéronautique ou les infrastructures (BTP-immobilier), mais aussi de thématiques transversales, comme le développement durable, la qualité ou la «supply chain» (chaîne d’approvisionnement). Ils permettent aux participants de s’enrichir auprès d’experts reconnus tout en partageant leurs propres interrogations professionnelles au travers d’instructives sessions de questions-réponses.
Ces activités sont également ouvertes aux professeurs et aux élèves qui souhaitent suivre les innovations dans les entreprises. Car les GP sont à la disposition de l’Ensam, de ses enseignants et de ses labos, pour les soutenir dans leurs recherches, l’évolution de leurs enseignements ou les partenariats dans le cadre d’études en alternance.

«La feuille de route des groupes professionnels doit notamment être guidée par la vision partagée du gadzarts du futur et la promotion collective de l’industrie de demain», Érik Le Roy (An. 85), vice-président
formation-industrie. Photo : DR

Retransmissions pour tous

Les conférenciers invités sont au cœur de l’actualité, quand ils n’en sont tout simplement pas les initiateurs. Les vidéos de leurs interventions sont accessibles à tous, pour l’heure en différé sur le site d’AM-TV, permettant aux gadzarts d’en profiter où qu’ils soient. Ce sera prochainement encore plus aisé, quand des retransmissions en direct serviront les interactions entre Paris, la province et l’étranger au sein des GP locaux et des groupes territoriaux. Elles sont en cours de déploiement.
Prolongement du GP informatique, l’Institut G9+ est, lui, un interclub informatique, télécoms, multimédia d’anciens de grandes écoles. Arts & Métiers Alumni en est l’un des membres fondateurs. Il fédère plus de 20 associations de grandes écoles, d’ingénieurs et de manageurs, et représente 50 000 professionnels du numérique. Grands acteurs, privés ou publics, et pôles d’expertise font naturellement partie de son environnement et le reconnaissent comme un groupe de réflexion de référence.
C’est ainsi que les groupes professionnels contribuent pleinement au rayonnement de la communauté Arts et Métiers. Comme le rappelle Érik Le Roy (An. 85), vice-président Formation-industrie au bureau de la Soce, «la feuille de route des groupes professionnels doit être guidée par trois dynamiques : la vision partagée du gadzarts du futur, la promotion collective de l’industrie de demain et le développement de tous les Groupes professionnels, petits ou grands, établis comme émergents».

«C’est par le perfectionnement continu, les échanges de connaissances et d’expériences […], tels que peuvent les susciter nos groupes professionnels, que
le gadzarts peut progresser»,
Pierre Bézier (Pa. 27). Photo : DR

Une histoire récente

Petit retour en arrière pour se rappeler comment sont nés les groupes professionnels et ce qu’ils doivent à Pierre Bézier (Pa. 27).

C’est en 1970 que la nécessité d’une représentation des gadzarts dans leurs activités professionnelles et au sein des instances de la Soce s’impose. Et c’est au congrès de Toulouse de 1977 qu’apparaissent pour la première fois les groupes professionnels. Encouragés par les présidents successifs de la Soce, les quelques groupes qui existaient dans certaines grandes entreprises ont dès lors commencé à se réunir et à proposer des conférences. C’est ainsi que naquirent par exemple les GP aéronautique, SNCF et RATP, EDF, etc. Ils sont rapidement rejoints par le GP assurance entre autres.

Dans le bouillonnement des idées de l’époque, une réflexion sur la dimension du métier de l’ingénieur s’impose et la vision du président Pierre Bézier (Pa. 27), en donne une synthèse pertinente (lire plus bas). Elle fait apparaître la nécessité, plus que jamais d’actualité pour le gadzarts, d’intégrer sa démarche dans le monde qui l’entoure, de prendre des risques pour le rendre meilleur et de conserver intacte l’envie d’apprendre.

Voilà ce qu’écrivit Pierre Bézier (1910-1999) dans «AMMag» en décembre 1977. Extraits :
«L’ingénieur est un être motivé, conscient des répercussions de son action sur la vie économique et sociale. […] Ce qui fait l’ingénieur, ce n’est pas seulement son diplôme mais son engagement dans l’action. […] Il doit savoir prendre des risques car la plupart des protections géographiques, linguistiques ou douanières qui existaient dans le passé ont disparu. […] La recherche de la sécurité dans l’emploi, synonyme de recherche de tranquillité, freine le dynamisme et le progrès. C’est une question de personnalité et, sur ce plan, le gadzarts tient un bon rang grâce aux caractéristiques de sa formation et aux valeurs traditionnelles auxquelles il est attaché. […] Il est impératif pour l’ingénieur de compléter et d’élargir ses connaissances initiales par un effort continu de lecture de revues, de publications, de communications et d’exposés […]. En ce sens, la participation à l’action scientifique est nécessaire. […] La connaissance des langues étrangères, notamment de l’anglais, est une nécessité absolue. […] Pour progresser et évoluer des postes techniques aux postes de direction, l’ingénieur doit avoir la préoccupation d’élargir et d’enrichir sa culture générale. […] Après la formation à l’école, c’est par le perfectionnement continu, les échanges de connaissances et d’expériences relatifs au métier, tels que peuvent les susciter nos groupes professionnels, que le gadzarts peut progresser.»

(1) Les moins de 35 ans seront, d’après l’OCDE, 200 millions en 2020 ; «Indicateurs de l’éducation à la loupe», mai 2012, www.oecd.org/fr/edu/