L’employabilité des jeunes diplômés à la hausse

Les jeunes diplômés d’écoles d’ingénieurs trouvent de plus en plus vite un emploi. L’enquête annuelle de la Conférence des grandes écoles sur leur insertion professionnelle le prouve, avec un taux net d’emploi à six mois de près de 87 %. Les salaires restent quasi stables, mais la disparité entre les hommes et les femmes n’est toujours pas gommée.

Les diplômés des grandes écoles trouvent de plus en plus rapidement un emploi. La 25e enquête sur l’insertion des diplômés des grandes écoles réalisée par la Conférence des grandes écoles (CGE) le prouve (1). La progression du nombre de diplômés des écoles d’ingénieurs et des écoles de commerce trouvant un emploi dans les six mois après la fin de leurs études se poursuit pour la troisième année consécutive. Pour les seuls ingénieurs débutants, le taux net d’emploi atteint 86,8 %, contre 82,6 % l’année dernière (+ 4,2 points). Et pour les ingénieurs diplômés en 2015, ce taux atteint 94,1 %. Autre fait marquant : le pourcentage très important de CDI. Avec 78,8 % (79,8 % pour les jeunes ingénieurs et manageurs réunis), il est près du double de celui des 15-24 ans (44 %). Là encore, on constate une progression qui montre une certaine reprise de l’activité en France. Une fois leur diplôme en poche, que font les jeunes ingénieurs ? 15,4 % d’entre eux poursuivent leurs études et 3,3 % s’engagent dans un volontariat. Ceux qui choisissent la vie professionnelle travaillent pour 49,1 % d’entre eux en province, 39,6 % en Île-de-France, alors que les manageurs exercent très majoritairement dans la région capitale (58,8 %). Et seulement 11,3 % des ingénieurs choisissent l’étranger comme première expérience professionnelle, alors qu’ils étaient 12,2 % l’année dernière. Le Royaume-Uni est leur première destination, l’Allemagne la deuxième, suivi de la Suisse, les États-Unis et la Chine (dont Hongkong et Macao). Près de neuf sur dix ont signé un contrat local. Les avantages liés au contrat d’expatriation ne concernent que 4,6 % des primo-employés. À l’inverse, deux tiers des étudiants étrangers en France y demeurent après leurs études.

Les PME devenues plus attrayantes

Le stage de fin d’études reste la principale porte d’entrée vers l’emploi, un tiers des ingénieurs entrent de cette manière dans la vie active. Un chiffre auquel il faut ajouter les 5,2 % qui entrent dans l’entreprise les ayant accueillis pendant leur apprentissage, même si cette formation alternée reste assez rare.
L’enquête de la CGE présente également la vertu de révéler de nouvelles tendances. Désormais, les jeunes ingénieurs choisissent majoritairement une PME (près de 40 %). Ils ne sont que 31,5 % à entrer dans une grande entreprise et 29,1 % dans une ETI (de 250 à 4 999 salariés). Certains n’hésitent pas à choisir une TPE, ils sont 11,8 % à entrer dans une entreprise de moins de 20 salariés. «En 2013, les proportions étaient inverses, explique Gérald Majou, chargé de mission développement durable, animation régionale, vie étudiante à la CGE, et responsable de l’étude. Cette année-là, 46,2 % des jeunes ingénieurs entraient dans des entreprises de plus de 5 000 employés, et 29,3 % dans des PME. L’inversion s’est réalisée dans les années 2014-2015. L’attrait des grands groupes est toujours là, mais il est moindre.»
L’enquête, déjà très riche, ne comprend pas de questions concernant les motivations. Mais on peut avancer que les jeunes ont envie d’être plus actifs, qu’ils veulent mieux prendre en charge leur vie professionnelle, être plus autonomes. Travailler dans une PME, cela signifie souvent une prise rapide de responsabilités, un travail direct avec le patron et un quotidien plus varié.
Le secteur public n’est qu’un primo employeur marginal, puisque le secteur privé embauche 90,8 % des jeunes ingénieurs. Les atouts de la liberté ne convainquent pas non plus, les ingénieurs débutants ne sont que 1,9 % à créer une entreprise ou à choisir le statut de travailleur indépendant. «Sur ce chiffre, explique Gérald Majou, nous sommes prudents, nous n’avons pas encore de recul, car nous ne le présentons de cette manière-là que depuis deux ans et cela concerne des petits volumes. Mais nous avons constaté entre les deux dernières enquêtes une forte sensibilité à la dynamique du marché de l’emploi. Il y a moins de créateurs d’entreprise lorsque le marché est dynamique, car il y a aussi un effet d’opportunité. On va plus créer son entreprise quand il y a moins d’opportunités pour soi.»

Les sociétés de conseil, premiers employeurs

Les rémunérations à l’embauche sont globalement stables, avec un salaire brut annuel moyen (hors primes) de 34 408 euros pour ceux de la promotion 2016 travaillant à temps complet (voir ci-contre le tableau des principaux indicateurs d’insertion). Mais les moyennes cachent des disparités assez significatives, en fonction de la géographie et du sexe (voir tableau des rémunérations incluant primes et avantages). D’un point de vue pécuniaire, mieux vaut être un homme parti à l’étranger qu’une femme en province… Quitter l’Hexagone se traduit par un salaire supérieur de plus de 6 000 euros à celui touché en Île-de-France, et choisir la région parisienne se solde par un bonus de 5 000 euros par rapport à la province.
Quant à l’égalité salariale entre les hommes et les femmes, elle n’est toujours pas d’actualité, alors qu’il n’est pas possible d’invoquer ici des différences dues à l’évolution des carrières, ce que corroborent les résultats de l’enquête d’IESF. Un ingénieur débutant gagne en France environ 2 000 euros de plus par an qu’une ingénieure. À l’étranger, cette différence monte à plus de 6 000 euros.
Dernière évolution marquante, le profil des entreprises qui recrutent. «Les secteurs d’activité qui emploient des ingénieurs récemment diplômés ont évolué, souligne Gérald Majou. Dans les années 2011-2012, on a vu une bascule en faveur des sociétés de conseil et d’étude. Elles sont devenues les premiers employeurs à la sortie des études. D’un côté, les sociétés gèrent le risque en utilisant les sociétés de conseil, mais cela ne les empêche pas plus tard d’embaucher les ingénieurs qui leur conviennent. Tous les secteurs d’activité sont concernés, à l’exception de ce qui tourne autour des technologies de l’information et de la communication, que ce soit dans les services ou dans l’industrie. Pour les jeunes, c’est aussi une façon d’acquérir une expérience, de travailler dans différents secteurs d’activité, d’avoir un travail moins monotone, d’enrichir ses compétences, avant de pouvoir faire un jour un choix beaucoup plus éclairé.»

Retrouvez l’enquête complète sur www.cge.asso.fr.

(1) Enquête réalisée entre janvier et mars 2017 par 175 grandes écoles membres de la CGE, représentant 95 % des grandes écoles concernées et 137 800 jeunes diplômés des promotions 2014, 2015 et 2016 contactés.