
On les encense, on les loue, on les cite en exemple. Ça, c’était il y a quelques mois… Les quatre géants monopolistiques que sont Google, Apple, Facebook et Amazon (les Gafa) ont reçu la claque du siècle. Tout d’abord leur valeur boursière. Cette dernière a dévissé de près de 1 000 milliards de dollars. À lui seul, le titre Apple a perdu près de 400 milliards. Une dégringolade vertigineuse quand on sait que la firme à la pomme avait été la première à dépasser le seuil des 1 000 milliards de dollars de capitalisation. Ne parlons pas non plus de la simple annonce du divorce de Jeff Bezos, le patron d’Amazon, qui a poussé les investisseurs à s’interroger sur l’avenir de l’entreprise. Ou encore du parton de Facebook qui n’en finit plus de s’excuser de disséminer à tout vent les données de ses utilisateurs ou clients. La morgue attitude de ces géants en a pris un coup, tout comme les croyances indéfectibles des investisseurs, quelque peu moutonniers. Jean Tirole, prix Nobel et président de la Toulouse School of Economics, vient d’expliquer dans une récente analyse l’énorme puissance des Gafa et liste quatre domaines où il conviendrait pour le législateur de beaucoup mieux réglementer : la concurrence, le droit du travail (sur ce point, des jurisprudences font évoluer la protection des travailleurs ubérisés), le respect de la vie privée et la fiscalité. Si les États arrivent à se pencher sur le droit du travail et le respect de la vie privée avec l’avènement du RGPD, question fiscalité les États ne sont plus à l’unisson. Ne parlons pas du monopole qui devient un casse-tête insoluble. Pour Jean Tirole, «l’économie numérique crée presque inexorablement des monopoles naturels». Un autre grand débat en perspective… Sans oublier les BAT(1) chinois qui avancent à bas bruit.
(1) Ce sont les «Gafa» chinois, autrement dit Baidu, Alibaba et Tencent.