Les métiers de l’air et de l’espace recrutent

Mi-novembre, l’Ipsa (École d’ingénieurs aéronautique et spatiale à Paris et Toulouse) et l’institut Ipsos ont dévoilé les résultats du premier Observatoire des métiers de l’air et de l’espace. Cette grande enquête, réalisée auprès de plus de 200 dirigeants d’entreprise, donne une bonne photographie de ce secteur. Si côté recrutement, les dirigeants prédisent de fortes embauches dans la R&D, ils souhaitent par ailleurs des ingénieurs à l’esprit d’initiative et à fortes capacités d’adaptation.

Les recrutements de demain se feront surtout en R&D, pronostique l’Observatoire des métiers de l’air et de l’espace. Ici des ingénieurs se penchent sur la nouvelle génération de turboréacteur Leap au sein du bureau d’études de Safran Aircraft Engines.
Eric Drouin / Safran Les recrutements de demain se feront surtout en R&D, pronostique l’Observatoire des métiers de l’air et de l’espace. Ici des ingénieurs se penchent sur la nouvelle génération de turboréacteur Leap au sein du bureau d’études de Safran Aircraft Engines.

Cette étude n’est pas surprenante. Si on attend des scoops et des révélations, on fait fausse route», explique d’emblée Francis Pollet, directeur général de l’Ipsa. Toutefois, les résultats de ces observations traduisent les «profondes transformations technologiques du secteur» souligne l’institut de sondage. Pour la première fois, du 7 septembre au 13 octobre 2017, l’école d’ingénieur et l’institut Ipsos ont interrogé plus de 200 professionnels représentatifs des métiers de l’air et de l’espace.

Il ressort de cette étude des tendances encourageantes sur les métiers en devenir et les recrutements prévus pour les prochaines années.

Ainsi, les chefs d’entreprise du secteur aéronautique et spatial estiment que les évolutions technologiques perçues comme les plus créatrices d’emploi à l’avenir (voir infographie B) sont les drones (53%) devant l’intelligence artificielle (42%), l’avion électrique (39%) et le «big data» (37%, avec un pic tout de même de 59% dans les établissements qui prévoient le plus d’embaucher au cours de l’année à venir. Parmi les différents métiers qui seront les plus recherchés  (infographie A), celui d’ingénieur méthodes/industrialisation process arrive en tête (avec 43% des citations, dont 64% des entreprises très optimistes en matière de futurs recrutements), suivi des ingénieurs de production (36%), des ingénieurs bureau d’étude aéronautique ou spatial (31%, dont 49% des structures qui envisagent les plus d’embaucher) ou encore des ingénieurs qualité (28%). Selon les chefs d’entreprise, les recrutements de demain se feront surtout en R&D pour répondre, entre autres, aux évolutions technologiques liées aux drones et à l’intelligence artificielle.

Quand l’État soutien la filière

Lors de la dernière réunion du Conseil pour la recherche aéronautique civile (Corac) qui s’est déroulée en décembre, Élisabeth Borne, ministre chargée des Transports, a réaffirmé l’ambition forte que porte le gouvernement pour la recherche aéronautique civile, concrétisée à hauteur de 135 millions d’euros par an sur cinq ans, dans le cadre du Grand Plan d’Investissement. La réunion a permis de tracer les grandes lignes des actions de recherche et de technologie pour les années à venir, dans une période clé pour la préparation de la future génération d’aéronefs, mais aussi pour préparer les évolutions et ruptures technologiques dans la manière de les concevoir, de les fabriquer et de les opérer.

Trois grands axes stratégiques ont été fixés ce jour, qui constituent une feuille de route partagée pour les prochaines années : 

– «l’avion à énergie optimisée», pour réduire les besoins énergétiques des aéronefs ;

– «l’autonomie et la connexion», pour développer un avion connecté et autonome ainsi que des nouveaux modes d’opérations ; 

– «les nouvelles méthodes de développement et de production», en adaptant à l’aéronautique les technologies d’intelligence artificielle, de «big data», en travaillant sur de nouveaux processus de production, dont la coopération entre robots et compagnons, et en développant le recours aux simulations numériques. 

Prévisions très optimistes

Autre bonne nouvelle, une écrasante majorité de dirigeants (94%) estime que le secteur de l’aéronautique et de l’espace va bien, voire très bien pour 20% d’entre eux. De plus, 2 chefs d’entreprise sur 3 (67%) s’attendent à ce que leur entreprise croisse au cours des douze prochains mois, dont la moitié (33%) qu’elle connaisse une croissance importante. Seuls 15% anticipent une baisse d’activité. Preuve du dynamisme du secteur, 71% des dirigeants des petites structures (moins de 50 salariés) pronostiquent une hausse de leur chiffre d’affaires.

Ce contexte porteur conduit 3 chefs d’entreprise sur 4 (74%) à être optimistes quant aux capacités d’embauche de leur entreprise en 2018. Là encore, les petites structures se montrent particulièrement enthousiastes, puisque 80% d’entre elles pensent pouvoir recruter dans les douze prochains mois.

Les besoins en recrutements sont importants et variés. Ils concernent surtout les profils d’ingénieurs (89%, dont 94% dans les entreprises de plus de 200 salariés), mais aussi les techniciens supérieurs (84%, dont 88% pour les structures de plus de 200 salariés), les opérateurs et mécaniciens (80%) et, dans une moindre mesure, les bachelors technologiques (63%, mais 70% dans les entreprises de  construction aéronautique et spatiale).

Esprit d’initiative et d’équipe

Enfin, et c’est l’un des indicateurs de la bonne santé des univers de l’air et de l’espace, l’affirmation claire par les professionnels de besoins en recrutement qui sont tout autant influencés par les dynamiques de l’innovation que par celles de la production. En effet, selon l’étude, les chefs d’entreprise du secteur aéronautique et spatial ont, à l’égard des jeunes ingénieurs, davantage d’attentes sur leurs capacités (d’adaptation, d’intégration à une équipe, d’apprentissage) que sur leurs connaissances (infographie C). Les premières qualités recherchées chez les jeunes diplômés sont l’esprit d’initiative et les capacités d’adaptation, jugées prioritaires par 87% des dirigeants du secteur. D’autres capacités, telles que savoir s’intégrer à une équipe (67%) ou savoir apprendre et progresser dans l’entreprise (53%) sont également mises en avant. Le bon niveau académique (culture générale et compétences techniques) n’arrive qu’ensuite (42%), suivi de l’esprit d’ouverture à l’international (26%) et de la bonne connaissance du monde de l’entreprise (12%).