
Le salon Global Industrie du mois d’avril a été un événement majeur qui a offert à notre École et notre Association une formidable visibilité. Avec l’implication de l’École dans l’Alliance pour l’industrie du futur, le label Arts et Métiers bénéficie indéniablement d’une vitrine capitale qui lui permet de se positionner comme «le» label de référence pour la technologie. Dans un univers de plus en plus concurrentiel, cela devient vital pour l’avenir de notre cursus et pour attirer des talents vers la filière technologique.
«Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va.» Cette sage maxime de Sénèque doit inspirer nos réflexions et nos décisions pour demain, surtout dans un monde qui se transforme de toutes parts et à des vitesses sans cesse plus rapides. Nos entreprises le vivent au quotidien. Nous le vivons au sein de nos entreprises. La révolution numérique rebat les cartes du partage de la valeur. Les évolutions sont parfois brutales, mais elles représentent autant d’opportunités à ceux qui savent les saisir.
Anticiper les mutations
Le dossier du numéro précédent d’AMMag nous éclairait sur quelques-uns des multiples enjeux de la révolution numérique en cours. Comprendre ces mutations et leurs implications ouvre sur autant de pistes de réflexion à même de nourrir la capacité d’innovation et de créer de la valeur pour les clients et parties prenantes. Si le numérique imprègne profondément nos technologies, transforme nos organisations et les compétences requises, il n’est pas le seul à bouleverser notre environnement quotidien. La pression environnementale est exponentielle et traverse toutes les activités. L’inflation réglementaire sur les sujets environnementaux oblige tous les concepteurs à revoir leurs produits et leur production pour rester compétitifs… pour rester tout simplement ! Face à ces mutations, les ingénieurs généralistes que nous sommes peuvent apporter toutes leurs valeurs à l’interface des métiers et des expertises. Ils le font d’autant mieux qu’ils connaissent les concepts et le vocabulaire de leurs interlocuteurs.
Si, aujourd’hui, nous pouvons être légitimement fiers d’être gadzarts, c’est parce que notre formation a su s’adapter aux nombreuses évolutions (et révolutions) qui ont jalonné sa longue existence. La transformation numérique en cours a un impact sur les métiers de l’ingénieur et cet impact ira grandissant. L’agilité personnelle et la capacité d’apprentissage de nouvelles compétences et de nouveaux comportements sont déjà, pour nous ingénieurs, des qualités différenciantes. Elles le seront encore plus demain.
Si les vents sont actuellement favorables au renouveau de l’industrie française, notre rôle est plus que jamais d’être, collectivement, attentifs, lucides et clairvoyants pour anticiper ses mutations et y prendre toute notre part. La place des technologies y est grandissante. Il ne s’agit pas de prévoir l’avenir, mais de permettre à l’ingénieur Arts et Métiers d’y trouver la meilleure place, d’exprimer toutes ses valeurs et de contribuer à sa construction.
Création du Think-Tank Arts et Métiers
C’est dans cette optique que nous avons travaillé avec la direction générale de l’École et décidé de créer ensemble le «Think-Tank Arts et Métiers». Cette création a été annoncée par Laurent Champaney, directeur général d’Arts et Métiers, et moi-même, le vendredi 25 mai à l’occasion de la remise du prix Nessim-Habif. Nous souhaitons unir nos ressources et nos talents pour éclairer l’avenir, celui de notre école et de notre communauté. Qu’est-ce qu’une université technologique au XXIe siècle en France, aux États-Unis ou en Allemagne ? Quels types de formations et de recherches y développer ? Quel modèle de financement pour un établissement public ? Autant de problématiques qui seront soumises au Think-Tank Arts et Métiers.
«Ce Think-Tank poursuit deux objectifs», explique Alexandre Rigal, directeur général délégué. «Il a une mission d’intérêt général en alimentant des réflexions prospectives sur l’industrie et la technologie et, de fait, répond à notre objectif de nous positionner en leader d’opinion sur ces sujets. Il doit également, par les résultats des travaux qu’il conduira, alimenter notre réflexion sur l’avenir de l’École et son identité, en interrogeant des sujets qui concernent notre développement (industrie du futur, technologie). Pour conduire ses travaux, le Think-Tank AM identifiera annuellement des thèmes à traiter, chacun confié à un groupe de réflexion spécifique constitué de personnalités extérieures reconnues et d’experts issus de la communauté Arts et Métiers (personnels, anciens élèves). Selon les thèmes, ses rapports pourront être rendus publics.»
Pour Erik Le Roy, vice-président Formation-Industrie, «notre communauté Arts et Métiers est riche de très nombreux réseaux et à ce titre dispose d’une incomparable capacité de veille et d’observation des signaux faibles. Ouvrir les yeux sur ce qui se passe, être en veille organisée, c’est se donner les moyens d’anticiper.»
Le Think-Tank Arts et Métiers sera piloté par l’École, la Société des ingénieurs Arts et Métiers et deux personnalités extérieures. Il sera présidé par une personnalité de premier ordre, reconnue internationalement. Pour être opérationnel dès la rentrée, un premier comité de pilotage se réunira au début de l’été.
Comme le disait Henri Fayol, «Prévoir, c’est à la fois supputer l’avenir et le préparer ; prévoir, c’est déjà agir.» Soyons fiers d’être gadzarts !