L’ultra-coureur des montagnes

Architecte système chez Schneider Electric, Michel Cercueil (Cl. 92) s’est pris au jeu de l’ultra-trail, version extrême de la course à pied. Rencontre avec un sportif surmotivé qui se définit non pas comme une star de sa discipline, mais comme un bon outsider.

1995 : Premier marathon à Paris en 3 h 46 min. 1997 : Ingénieur logiciel chez Alstom à Saint-Ouen (Val-d’Oise), puis à Villeurbanne (Rhône). 2000 : Ingénieur développement logiciel chez Schneider Electric à Grenoble (Isère). 2003 : Première participation à l’Ultra-Trail du Mont-Blanc. 2011 : Architecte système chez Schneider Electric à Grenoble. 2015 : Vainqueur de l’Ultratour des quatre massifs, en 28 h 59 min. Photo : DR

Dun côté, il y a la montagne, sa première passion née des livres de Roger Frison-Roche et des longues randonnées avec ses parents. De l’autre, la course à pied, devenue un plaisir addictif. Michel Cercueil, 44 ans, a réussi à concilier les deux en pratiquant l’ultra-trail, de la course longue distance (plus de 100 km) en pleine nature. Son terrain de jeu ? La région grenobloise où il vit et travaille depuis seize ans chez Schneider Electric, aujourd’hui en tant qu’architecte système. «Très tôt, j’avais identifié Grenoble comme la ville idéale. Elle est située au cœur des montagnes et elle abrite de nombreuses industries en informatique et électronique», se souvient-il. Mais rien ne le prédestinait à la course à pied. Au contraire, l’épreuve d’endurance était sa bête noire au collège. «J’étais mauvais en sport et je ne comprenais pas quel plaisir on pouvait trouver à courir», sourit-il.

Toujours plus ambitieux

Le déclic a lieu à 19 ans quand il participe à une course de vélo en relais sur 24 heures. Non pas qu’il réalise un bon chrono, mais il ressent pour la première fois cette satisfaction de terminer une course. «C’était un défi personnel, je me foutais du classement. J’ai trouvé ça fantastique !» confie-t-il. Commencent alors les premiers footings avec les copains, puis le premier semi-marathon en 1991 et le premier marathon, à Paris, quatre ans plus tard, alors qu’il est tout juste diplômé des Arts et Métiers. «Terminer ce marathon a été un émerveillement, même s’il fallait que je m’entraîne deux fois plus que les autres», témoigne ce sportif acharné. Chaque course est vécue comme un défi. Lorsqu’il décroche son premier poste d’ingénieur à Toulouse, il passe la vitesse supérieure en s’essayant au triathlon, «un sport de cinglés comme moi, précise-t-il. Avec mon premier salaire, je m’étais payé un vélo avant même d’acheter un canapé». Mais, au bout de cinq ans, ses mauvais résultats en natation – qu’il déteste – ont raison de son enthousiasme.
C’est finalement par hasard que Michel Cercueil découvre l’ultra-trail en 2003, lors de la création de la course mythique du Mont-Blanc (UTMB). «Ça, c’est beau !» se dit-il alors. Avec ses 170 km, soit vingt à trente heures d’effort en alternant course et marche, le défi surpasse de loin celui du triathlon. Il participe donc aux onze premières éditions jusqu’en 2013, puis enchaîne avec -l’Ultratour des quatre massifs (Ut4M) les années suivantes. Si la souffrance est forcément présente, le plaisir de courir est enfin là. Et les résultats aussi ! Classé 6e à l’UTMB en 2004 (en 24 h 46 min), il termine, à 43 ans, en tête de l’Ut4M en 2015. «Dans ce sport, tout compte : la préparation, mais aussi la gestion de la course, l’alimentation, la météo, le mental, les encouragements de ma femme et de mes enfants» explique-t-il, lui qui s’entraîne dix à quinze heures par semaine en faisant de la marche, du vélo, de l’alpinisme et du ski de randonnée. «Comme beaucoup d’ultra-trailers, je me suis déjà juré vingt fois, dans les moments difficiles, que je n’y reviendrai pas», poursuit-il. Mais il continue ! Sa prochaine course : la SaintéLyon (72 km de nuit entre Saint-Étienne et Lyon) qu’il fait chaque année depuis quinze ans. Une mise en jambe avant un nouvel ultra l’an prochain.